
Cocktails Latinos
L’âme du Sud dans chaque verre
Des classiques mexicains aux créations inspirées d’Amérique du Sud, nos cocktails font vibrer les papilles. Saveurs intenses, ingrédients frais, esprit festif : chaque recette est un hommage au goût et à la culture latine. Découvrez leur histoire.

Le Pisco : Péruvien ou Chilien ?
Le pisco est une eau-de-vie de raisin originaire d’Amérique du Sud, principalement revendiquée par le Pérou et le Chili. Il est obtenu par distillation de moût de raisin fermenté, sans vieillissement prolongé au Pérou, tandis qu’au Chili, un vieillissement en fût peut avoir lieu. Sa teneur en alcool varie entre 30 et 45°, et il est à la base de cocktails emblématiques comme le Pisco Sour.
Le mot "pisco" pourrait venir du port péruvien du même nom, lui-même dérivé du quechua "pisku" qui désigne un oiseau, ou encore des potiers paracas appelés "piskos" qui fabriquaient des jarres pour conserver l’alcool. Le Pérou affirme que son pisco est le plus ancien, avec des traces dès le XVIIᵉ siècle. Le Chili, de son côté, évoque un document datant de 1733 et a même renommé une ville en " Pisco Elqui " pour renforcer sa légitimité.
Les deux pays revendiquent une appellation d’origine pour protéger leur production. Le Pérou a une réglementation très stricte sur le procédé de fabrication, n’autorisant qu’une distillation unique et aucun additif ni vieillissement. Le Chili autorise une distillation multiple, l’ajout d’eau et l’usage de fûts pour le vieillissement, ce qui donne des profils gustatifs différents.
Cette querelle dépasse le cadre culturel. Elle a des enjeux économiques majeurs, notamment en ce qui concerne les marchés d’exportation. Le Chili est le plus grand producteur et exporte notamment vers la Chine, tandis que le Pérou mise sur une image de produit artisanal et patrimonial, surtout en Europe et aux États-Unis.
Enfin, le Pisco Sour, cocktail emblématique de la région, cristallise aussi les tensions. Inventé à Lima, il a été adapté de part et d’autre de la frontière, chacun revendiquant sa version comme authentique. Cette rivalité reste vive, mêlant fierté nationale, patrimoine immatériel et stratégie commerciale.
Tequila & Mezcal, quelle différence ?

La tequila et le mezcal sont deux spiritueux mexicains issus de la plante d’agave, mais ils diffèrent à plusieurs niveaux, notamment par la variété d’agave utilisée, la région de production, les méthodes de fabrication et bien sûr, le goût.
La tequila est fabriquée exclusivement à partir d’agave bleu. Elle ne peut être produite que dans certaines régions du Mexique, principalement dans l’État de Jalisco et quelques zones limitées d’États voisins comme Guanajuato, Nayarit, Michoacán et Tamaulipas. La production de tequila est réglementée par une appellation d’origine, avec des normes strictes.
Le mezcal, quant à lui, peut être produit à partir de plus de 30 espèces différentes d’agave, comme l’espadín (le plus courant), le tobalá, le cuishe ou le tepeztate. Sa zone de production est également plus étendue, bien que l’État d’Oaxaca en soit le centre principal. D'autres États comme Durango, Guerrero, Puebla et Zacatecas en produisent aussi.
Une différence majeure réside dans le procédé de cuisson de l’agave. Pour la tequila, les cœurs de l’agave (appelés piñas) sont cuits à la vapeur dans des fours industriels. Pour le mezcal, ces piñas sont traditionnellement cuites dans des fosses creusées dans le sol, recouvertes de pierres chauffées au feu de bois, ce qui confère au mezcal son goût typiquement fumé.
En bouche, la tequila est généralement plus douce, plus nette, avec des notes végétales, florales ou légèrement poivrées selon l’âge du spiritueux (blanco, reposado, añejo). Le mezcal est plus rustique, plus complexe, souvent fumé, avec des arômes terreux, fruités ou même chocolatés, qui varient selon l’agave utilisé et le style du producteur.
Enfin, bien que la tequila soit plus connue à l’international, le mezcal connaît depuis quelques années une popularité croissante, notamment pour son authenticité artisanale et sa diversité aromatique. Les deux offrent des expériences gustatives uniques, mais s’adressent à des palais différents : la tequila est souvent plus accessible, tandis que le mezcal plaît aux amateurs de saveurs plus puissantes et complexes.

La Margarita : Cocktail emblématique
La Margarita est un concentré d’histoire mexicaine servi dans un verre givré de sel. Sa recette, à la fois simple et raffinée, mêle la fraîcheur acidulée du citron vert, la douceur du triple sec, et la puissance aromatique de la tequila. Elle se décline selon les envies : sur glace, frappée façon granité ou servie pure, bien fraîche.
Quant à son origine, elle reste entourée de mystère. Certains affirment qu’elle serait née dans un bar de Tijuana dans les années 30, créée pour une cliente allergique à tout sauf la tequila. D’autres préfèrent la version d’une Américaine fortunée d’Acapulco dans les années 40, Margaret Sames, qui aurait donné son prénom à la boisson. Peu importe l’auteur véritable : ce cocktail est résolument mexicain, par ses saveurs, ses ingrédients et son esprit festif.
La recette "classique" - tequila, triple sec et jus de citron vert - a été codifiée par l’Association Internationale des Barmen. Mais les barmen du monde entier n’ont cessé de la réinventer. On la retrouve aujourd’hui en version fruitée (à la mangue, à la fraise, à l’ananas), en version épicée avec du piment ou du gingembre, ou encore en version plus brute avec du mezcal, pour une touche fumée et sauvage.
Chaque année, des concours comme le "Margarita of the Year" mettent à l’honneur les variantes les plus créatives, prouvant que ce cocktail, pourtant presque centenaire, n’a rien perdu de sa fraîcheur. Véritable icône des soirées d’été, la Margarita continue d’évoluer tout en restant fidèle à ce qu’elle a toujours été : un hommage au Mexique, à partager sans modération… ou presque.
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